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Blâmer son favorable sort ;
Mais toutes nos ingratitudes
S’accorderont à confesser
Que sa prudence a fait cesser
La honte de nos servitudes.

Quand le Ciel parmi nos dangers
Avait horreur de nos prières,
Que les yeux des plus étrangers
Donnaient des pleurs à nos misères,
Quand nos maux allaient jusqu’au bout,
Que l’état branlant de partout
Etait prêt à changer de maître,
Il fit mourir notre douleur,
Et perdre espérance au malheur
De la faire jamais renaître.

Ce grand jour où tant de plaisirs
Succédèrent à tant de peines,
Qui fit changer tant de désirs,
Et qui rapaisa tant de haines,
Tous nos cœurs sans fard et sans miel
Inclinant où l’amour du Ciel
Poussait vos volontés unies,
Ravis de ce commun bonheur,
Firent des vœux à son honneur
Pour nos calamités finies.

Ceux qui mieux ont senti l’effet
D’une si louable victoire,
Honteux du bien qu’il leur a fait,
Ont du mal à souffrir sa gloire :
Ils arrachent à leurs esprits
Le ressentiment du mépris
Dont la grandeur était foulée
Quand leur faiblesse avec raison
Souhaitait l’heureuse saison
Que ce grand Duc a rappelée.