Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que sa grandeur assouvie
Ne trouve ny but, ni desir.

Traistres outils de nos folies,
Instruments de flamme et de fer,
Que vos races ensevelies
Se recachent dedans l’enfer.
Aussi bien nos dieux tutélaires,
Dont ces révoltes ordinaires
Ont armé les mains tant de fois,
Jurent que le premier rebelle
Sera la victime éternelle
De l’injure de tous les rois.

Esperer encore des graces
Et croire en de pareils forfaits
Que vous ni vos futures races
Puissiez jamais trouver de paix,
C’est douter que félonies
Ne soient proches d’être punies,
C’est ne savoir point de prison,
S’imaginer qu’un a deux têtes,
Que le ciel n’a point de tempêtes,
Ou qu’il aime la trahison.

Mais je faux en mes défiances,
Notre mal vous a fait pâtir,
Et je crois que vos consciences
L’ont fait avec du repentir.
Auriez-vous bien la barbarie
De confesser que la furie
Vous ait fait venir sans remords
Au travers du fer et des flammes,
Où tant de généreuses âmes
Ont accru le nombre des morts ?

Je vis de quel sanglant orage
L’enfer se déborda sur nous,
Et voulus mal à mon courage