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sur Théophile.

Là mes frères et moi pouvoient joyeusement,
Sans seigneur ni vassal, vivre assez doucement.

Et ailleurs il rappelle à son frère :

… ce brignon muscat
Dont le pourpre est plus délicat
Que le teint uni de Caliste.

Des personnages de la cour ont visité ce manoir, et n’ont pas payé du moins une frugale hospitalité.

Va donc pour le manoir ! La famille étoit nombreuse 1[1] :

Et frères, et sœurs, et neveux,
De mesnie soin, de mesmes vœux,
Flattant une si douce terre,
Nous y trouverons trop dequoy…

Il y avoit même une belle-mère. Un oncle avoil été nommé par Henri IV gouverneur de Tournon.

Théophile eut pour régents des écoliers écossois. Il semble, d’après les détails qu’il donne sur le témoin Sajot, dans son Apologie au roi, qu’il fut élevé au collège de la Flèche. C’étoit cependant un collège de jésuites. Garasse nous apprend qu’il fit sa philosophie à Saumur, où il étoil pauvre scholaris. Son enfance se passa au milieu des guerres civiles, et il paroît en avoir conservé une horreur qui plus tard lui fit adresser au roi ces conseils de répression assez mal interprétés par un historien moderne :

Il n’est rien de tel que de vivre
Soubs un roy tranquille, et de suivre
La saincte majesté des loix.

Sous ce rapport du moins Théophile aimoit la règle

  1. 1. Nous aurons occasion de parler de Paul de Viau, qui vivoit à Boussères et prit les armes pour défendre le parti des Réformés. La Biographie universelle dit qu’il devint maître d’hôtel du duc de Montmorency.
    Il existe une pièce intitulée : le Sacrifice des Muses a Monsieur le prince et à Madame la princesse de Condé, par le sieur H. Théophile, frère du deffunct sieur Théophile. J. Guillemot, 1627, 15 pages.