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s’en iroient ailleurs querre habitacion, sauf leurs corps et leurs biens ; secondement, ceulz qui vouldroient demourer en la ville, feroient serement de loyauté à tenir du roy de France, et d’obeir aus gardes que on y mettroit. Ces choses accordées, le frere du roy d’Angleterre et neveu du conte de Valoys messire Charles de par sa mere, fu laissié aler en Angleterre parler au roy pour savoir s’il vouldroit tenir les convenances qu’il avoient promises au roy à Paris. Se le roy d’Angleterre les tenoit, pais seroit tenue et fermée ; se non il devoit retorner à son oncle messire Charles pour le presenter au roy de France et en faire sa volenté. Et afin que on y eust seurté de lui et que on fust seur de sa retournée, on retint en hostage iiii chevaliers d’Angleterre, en telle condicion que s’il ne retournoit on leur coperoit les testes et seroit la guerre comme devant. Et avec ce, furent trives donées jusques à la Pasque ensivant[1]. Ainsi se parti le frere du roy d’Angleterre et vint à Bordiaux, et puis passa en Angleterre, dont aucuns murmuroient contre messire Charles de Valoys grandement et disoient qu’il le deust premierement avoir admené au roy ou atendu la volenté du roy avant qu’il li eust donné congié de passer en Angleterre. Toutes voies, par la bonne poesté et chevalerie dudit messire Charles, fu prise la Riole, et le chastel de Monpesat abatu et arrasé par terre, dont le seigneur estoit n’avoit gueres trespassé, selon ce que aucuns creoient, de doleur et de tristesce. Et

  1. Jusqu’à l’octave de Pâques, c’est-à-dire jusqu’au 14 avril 1325. Voir, dans Dumont, Corps diplomatique, t. I, 2e partie, p. 71, le traité du 22 septembre 1324 qui règle la reddition de La Réole et établit ces trêves.