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et si grant foison qu’il n’estoit riens qu’il les peust nombrer[1]. Viande commença à faillir et à appeticier en l’ost, ne ne porent avoir chevance pour les chevaux, car il furent mal pourveuz avant qu’il venissent au port ne qu’il peussent les montaignes passer ; si attendirent et sejournerent, et endementres yver vint et commença à aprochier, les venz à haucier et grant froidure à venir plaines de pluies et de noiz et de gelée. Si comme l’ost estoit en tel point, aucuns traitres s’aprochierent du roy et li firent entendant qu’il seroit bon de retorner, et qu’il donnast congié à sa gent jusques au printemps, et que ses garnisons fussent plus sagement ordenées, pourveues et atirées. Moult fu grant domage et de grant perte quant l’ost n’ala outre, car il eussent prise toute Espaigne à leur volenté.


XXIV.
De Robert d’Artois qui fu envoié en Navarre de par le roy de France[2].

Pou avant que le roy meust à aler en Sauveterre, nouvelles vindrent que Huistace de Biaumarcheis estoit assis ou chastel de Panpelune et des barons de Na-

  1. Guillaume Anelier (Histoire de la guerre de Navarre en 1276 et 1277, éd. Francisque Michel, vers 4798) dit que l’armée de Philippe III le Hardi était évaluée à trois cent mille hommes :

     « E lo reis ag ab siz aytantz de compaynners
    Que, segont que audi dire, foro ccc millers. »

  2. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 504-508. Cf. Chronique de Primat (Ibid., t. XXIII, p. 94 à 96).