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la main et dist que Nostre Seigneur li donnast victoire et force de abessier l’orgueil de ses anemis. Tantost s’arrouta l’ost et passa tout oultre[1] parmi Poitou et parmi Gascoigne. Quant il vindrent à l’entrée de Gascoigne, là s’arresterent pour ordener de leur besoigne. Si comme il estoient ilec, les messagiers au roy d’Espaigne vindrent au roy ; mais il fu avant vii jours passez qu’il peussent parler au roy. Quant il vindrent devant eulz, si commencierent à parler grossement aussi comme en menaçant et li distrent qu’il ne fust si hardi qu’il entrast en Espaigne. Pour chose qu’il deissent, le roy ne s’esmut ne ne leur dist paroles vilaines et honteuses, ains leur respondi qu’il proposoit d’aler en Navarre et de passer avant, oultre s’il pooit. Les messages le deffierent de par le roy d’Espaigne leur seigneur, puis se retornerent droit en leur pays. Tant ala l’ost avant qu’il vint à une ville que on appelle Sauveterre[2], en la terre Gascoin de Biart[3], assez près d’Espaigne[4]. Là s’assemblerent toute la gent au roy de France de toutes pars ; si furent si grant multitute

  1. G. de Nangis dit qu’il passa aussi par Orléans et par le Berri : « iter arripiens per Aurelianensem urbem et Bituricam regionem, finesque Pictavorum peragrans, versus partes Hispaniæ cum suo exercitu acceleravit ». Il était à Orléans le 23 août, en septembre à Tours et à Angoulême (Langlois, op. cit., p. 106).
  2. Sauveterre, Basses-Pyrénées, arr. d’Orthez, ch.-l. de cant.
  3. Gascoin de Biart, Gaston, vicomte de Béarn.
  4. G. de Nangis dit : « Tandem in extremis partibus regni sui prope portus Cysereos in terra Gasconis de Biardo ad quandam villam, quæ Salvaterra nuncupatur, suum exercitum quasi innumerabilem congregavit. » Philippe III fut à Sauveterre en octobre (Langlois, op. cit., p. 106).