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evesque de Baiex qui estoit cousin Pierre de La Broce de par sa femme, et leur commanda qu’il alassent à celle beguine et qu’il enqueissent de ceste besoigne diligeaument de son filz.

Au chemin se mistrent et vindrent à Nivelle ; si comme il furent descenduz, l’evesque se parti de la compaignie à l’abbé et fist semblant qu’il vouloit dire son service. Si s’en ala à celle devine[1] et li fist plusseurs demandes de l’enfant le roy qui avoit esté empoissoné, et li pria moult que elle n’en deist riens à l’abbé de Saint Denis en France qui avec li estoit envoié. L’abbé vint après et li demanda de l’enfant, comment il en estoit alé. Et elle respondi : « J’ay parlé à l’evesque vostre compaignon et li ay bien dit la verité de quanqu’il m’a demandé ; ne plus ne autre chose ne m’en demandez que nulle riens ne vous en diroie. » Quant l’abbé oy telles paroles, si en fu moult corroucié, et pensa qu’il y avoit traïson. Lors s’en retornerent et vindrent là où le roy estoit. Le roy parla premierement à l’abbé et li demanda qu’il avoit trouvé de celle femme et qu’elle avoit dit ? Et l’abbé respondi que l’evesque y estoit premier alé que li ; et quant il y ala après, elle ne li voult riens dire. Le roy manda tantost l’evesque et li demanda qu’il avoit fait et comment celle femme avoit parlé à lui où il l’avoit envoié ? L’evesque respondi : « Certes, monseigneur, ce que elle m’a dit est en confession, si que pour nulle riens ne vous en oseroie desclorre ne dire. » Quant le roy oy teulz paroles, si fu irié et plain de mautalent, et li dist : « Par mon chief, Dans evesque, je ne vous avoie

  1. Cette béguine de Nivelle s’appelait Isabelle de Sparbeke.