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par droit devoient tenir après la mort de leur aieul le royaume d’Espaigne, si comme il avoit esté en convenant entre le saint roy Loys et le roy de Castelle ; pour ce furent ces choses ottroiées et affermées des ii roys et des barons d’Espaigne ; car le roy saint Loys avoit aucun droit au royaume d’Espaigne de par madame Blanche sa mere qui fu fille au roy de Castelle qui jadis fu. De toutes les convenances que le roy de Castelle avoit jurées à tenir, n’en fist riens, ains manda les barons de son royaume et leur pria qu’il feissent hommage à Sanse son filz[1], et qu’il estoit enferme de son corps et paralitique et qu’il ne pooit le royaume maintenant ne gouverner.

En celle maniere desherita les enfans de son premier filz[2], ne à Blanche leur mere il n’en donna rente ne douaire, ne autre chose dont elle peust vivre. La bonne dame demoura toute esbahie et toute esgarée entre les Espaignolz qui guéres ne l’avoient chiere.

Le roy de France sot bien le povre estat où sa suer estoit, et comment ses neveuz estoient desheritez ; si fu trop durement dolent et courrocié ; si se conseilla comment ne en quel maniere il pourroit avoir sa suer ne oster de la chaitiveté où elle estoit. Si envoia au roy d’Espaigne monseigneur Jehan d’Acre[3], bouteiller de

  1. « Secundo natum » ajoute G. de Nangis.
  2. Après la mort de leur père don Fernando, le roi Pierre d’Aragon emmena ses deux enfants, Ferrant et Alphonse, dans le royaume de Valence et les mit au château de Xativa (Chronique de Ramon Muntaner, chap. xl).
  3. Le texte latin nous fait mieux connaître Jean de Brienne dit d’Acre, fils de Jean de Brienne, roi de Jérusalem, empereur de Constantinople : « Johannem militem dictum de Accon, filium Johannis quondam regis Hierusalem, buticularium Fran-