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qu’il vousissent user de leur franchise, et avoir jurisdicion sus l’eglise aussi comme il ont sus les autres de leur dyocese. Car les moines de Saint Denis sont exemps ; ne ne feroient pour l’arcevesque riens ne pour l’evesque, si ne leur plaisoit et se ce n’estoit à leur gré. Le roy fu devant la porte, son pere sus ses espaules, et les barons et les prelaz qui en l’eglise entrer ne pooient. Donques il fu commandé à l’arcevesque et à l’evesque qu’il s’alassent devestir et qu’il ne feissent nul empeschement à si haute besoigne. Quant il s’en furent alez, les portes furent overtes et le roy entra enz et les barons et les prelaz. Si commencierent à chanter hautement les services des feuz, bien et dignement, et puis enterrerent les ossemens du bon roy Loys d’encosté son pere le roy Loys, assez près de son aïol le roy Phelippe qui tant fu puissant en armes ; et mistrent une tumbe de pierre dessus tant que l’en li ot fait une tombe d’or et d’argent et de noble faiture[1]. Les ossemens Pierre le chambellenc furent enterrez au piez saint Loys, en tel maniere qu’il gisoit à ses piez quant il estoit en vie. Madame Ysabel fu enterrée d’autre part assez près du bon roy, et messire Jehan Tristan conte de Nevers d’encosté lui.

Le trespassement au conte de Poitiers devons nous bien raconter et metre en memoire. Car comme le bon conte s’en revenoit de Tunes avec le roy Phelippe son neveu, avint qu’il acoucha malade et enferme, et sa femme, et toute sa mesnie, qu’il ne demoura nul qui se peust aidier en i chastel qui est appellé le Cornet[2],

  1. Voir dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 139-140, le récit d’un miracle qui eut lieu à Saint-Denis peu après l’ensevelissement des os de saint Louis.
  2. Le Cronet, auj. Corneto, Italie, prov. de Rome. La Genea-