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VII.
De la pais et des trives du roy de France et du roy de Tunes[1].

Moult fu le roy de France en grant pensée en quel maniere il s’accorderoit au roy de Tunes. Si li fu conseillié qu’il preist les trives en maniere de pais ; si fu en tel maniere acordé que le roy de Tunes rendroit et deliverroit touz les despens que le roy de France et ses barons avoient fait en la voie, en fin or pur et net, et que les trives seroient tenues fermement sanz point entrelaissier jusques à x ans. Avec tout ce il fu acordé que tous les marcheans qui par mer passeroient, s’il arrivoient au port de Tunes, ou se vent les y aportoit, ou il trespassoient outre, s’en partiroient franchement sanz riens paier. Car avant ce, les marcheanz estoient en si grant servitute que il leur convenoit laissier la x partie de quanqu’il avoient au port de Tunes. Avec ce, il fu devisé et acordé que le roy de Tunes rendroit le treu au roy de Cezille si comme ses devanciers avoient fait et rendu chascun an sanz faillir.

En la cité de Tunes estoit grant foison de crestiens et avoient leurs eglises toutes prestes et edifiées où

  1. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 478-479. Cf. Chronique de Primat, ibid., t. XXIII, p. 81-82. Voir, sur le traité conclu entre Abou-Abd-Allah-Mohammed, roi de Tunis, et le roi de France, le Mémoire sur le traité fait entre le roi de Tunis et Philippe le Hardi en 1270, publié par Sylvestre de Sacy dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. IX, p. 448-477. Il donne le texte arabe du traité conservé aux Archives nationales (Musée, traités, no 4) avec sa traduction.