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se elle y vouloit entrer simplement, il leur plairoit bien. Quant elle vit que autrement n’i pooit estre, elle se deporta de la chose que elle avoit commenciée.

Et en ce meismes an, le pape Jehan envoia messages[1] aus Flamens et leur segnefia que les seurtés que le roy leur offroit, il les reputoit pour souffisans et leur conseilloit que il les preissent ; et se il les refusoient, il les reputoit pour parjures et empeescheurs du voiage d’outre-mer. Finablement il pristrent journée aus octaves de la mi aoust[2] pour donner response ; à laquelle journée, le pape envoia et le roy aussi ; mais de par les Flamens il n’i ot ame, exceptés ii filz de bourgois, lesquelz distrent qu’il n’avoient pooir de riens ordener, mais s’en estoient partis de Flandres pour querir bestes qu’il avoient perdues ; et ainsi furent les messages du roy et du pape moquiez, et s’en retornerent à leurs seigneurs.

Et en ce meismes an, fu moult grant guerre en Lorraine, en la cité de Verdun[3], et par telle maniere entre les citoiens que l’une partie bouta l’autre hors de la cité. Mais le conte de Bar[4] qui deffendoit la partie qui estoit dehors contre l’evesque de la cité[5] et

  1. La Continuation de G. de Nangis fait connaître ces messagers : « magistrum Petrum de Palude fratrem Prædicatorem et doctorem in theologia, et duos fratres Minores ».
  2. Le 22 août 1318 à Compiègne (Jean de Saint-Victor, Rec. des Hist., t. XXI, p. 667. Cf. Lehugeur, Hist. de Philippe le Long, p. 140).
  3. Cette guerre éclata dès 1317. Sur ces événements, voir Ch. Aimond, Les relations de la France et du Verdunois de 1270 à 1552, p. 99 à 102.
  4. Édouard Ier, qui succéda en 1302, à son père Henri III, et mourut, en 1337, à Famagouste dans l’île de Chypre.
  5. Henri d’Apremont, 1312, à sa mort, 5 janvier 1349.