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de vespres, fu très grant muete de terre qui trambla par plus de v liues d’espace[1].

Et en cest an, fu acort entre le roy et le duc de Bourgoigne qui prist à femme l’ainsnée fille le roy[2] qui n’avoit point de filz[3]. La seconde fille[4] fu fiancée au jeune enfant le dauphin de Vienne. La tierce[5] devoit estre donnée au jeune enfant le roy d’Espaigne, mais on la donna au conte de Nevers. La quarte[6] mist la royne à Loncchamp cordeliere ; et les trives des Flamens furent porloigniées de Pasques en i an après.

Et adecertes, en cest an, fu le roy Phelippe le lonc moult prié des amis Engorran de Marigni que il leur voulsist donner le corps dudit Engorran qui avoit été pendu et qu’il le peussent metre en terre benoite[7] ; laquelle chose le roy leur acorda. Lors le firent ses amis oster du gibet et le firent enterrer ou milieu du cuer

  1. « Per spatium centum et amplius leucarum » ; ms. 10132, fol. 400 vo : « par l’espace de c liues environ. Et ce signefia resmovemens et remuemenz de royaulmes terriens ».
  2. Jeanne épousa Eudes IV, duc de Bourgogne, le 18 juin 1318 (Chronique parisienne anonyme, Ibid., p. 33, § 21).
  3. Louis, fils aîné de Philippe le Long, était mort enfant.
  4. Isabelle épousa Guigues VIII, dauphin de Viennois.
  5. Marguerite qui épousa Louis de Crécy, comte de Flandre.
  6. Blanche.
  7. Le corps d’Enguerrand de Marigny, inhumé en 1317, dans l’église des Chartreux de Paris à côté de celui de son frère Philippe mort archevêque de Sens en décembre 1316, fut transporté en 1325 ou 1326 dans l’église d’Écouis où il avait fait préparer sa sépulture. Le 15 juillet 1475, Louis XI autorisa les chanoines à mettre une épitaphe sur sa tombe (Louis Regnier, L’église Notre-Dame d’Écouis, p. 10-11 et 187 à 203, et Pierre Clement, Trois drames historiques, p. 122 et 341, no 6).