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quel fu mené premierement à Moret en prison, et depuis fu ramené à Paris[1] et là fu mis en prison, de laquelle prison il s’en eschapa[2], car il se doubtoit. Pour laquelle chose, du conseil des nobles du royaume il fu dit par arrest, en plain parlement, qu’il estoit de sa conté privé.

Et en ce temps, le roy Phelippe fist faire nouvelle monoie ; c’est assavoir doubles de ii deniers, laquelle monnoie fu moult grevable[3] au peuple et as nobles et aus eglises.

Et en ce meismes an, le pape ottroia et envoia privileges aus clers estudians à Orliens pour establir Université[4], supposé que le roy de France s’i vousist acorder. Si ne s’i voult le roy acorder pour le temps. Adonques s’assamblerent touz les clers estudians à Orliens et firent foy les uns aus autres que il se partiroient, et ainsi le firent. Mais avant que l’an fust finé,

  1. Louis de Nevers fut ramené de Moret à Paris le 2 janvier 1312 (Ibid., p. 616).
  2. Il se serait enfui de Paris dans la nuit du 6 au 7 janvier 1312 (Ibid., p. 618).
  3. Ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. : « agreable ». Le texte latin montre que la leçon agreable est une erreur : « Hæc moneta ratione indebiti valoris et ponderis, et ratione novitatis cursus capi refutabatur, quia ab omnibus atque recte sapientibus redundare non minime diceretur in exactionem indebitam reique publicæ detrimentum ; quod etiam nonnulli nobiles et magnates, quibus super hoc displicebat, graviter conquerendo ore tenus et expresse exposuerunt eidem. »
  4. Voir, dans Marcel Fournier, Les statuts et privilèges des Universités françaises depuis leur fondation jusqu’en 1789, t. I, nos 19 à 31, les bulles de Clément V relatives à l’établissement de l’Université d’Orléans et les lettres écrites par Philippe le Bel au sujet des troubles qui se produisirent dans cette ville au cours des années 1310, 1311 et 1312.