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quel chascune personne metroit du sien selon sa deuocion. Et dura ceste chose par v ans ou environ, autant que le pardon dura.

[1]L’an de grâce ensuivant mil CCC IX, environ la Pentecouste, le filz du roy d’Arragon se combati encontre le roy de Garnate[2], lequel estoit Sarrazin, et ot ledit filz d’Arragon glorieuse victoire, et mist à mort une très grant quantité de Sarrazins.

En ce meismes an, environ la fin de juillet, fu l’eslection de Henri de Lucembourc du pape et des cardinaux approuvée[3]. Et li fu ottroiée la consecracion et la coronne de l’Empire, laquelle il doit prendre à certain temps que le pape li mist en l’eglise Saint Pierre, en la cité où il li plairoit[4]. Quant ledit messire Henri ot ainsi esté esleu et qu’il ot eu congié et auctorité du pape, si comme dit est, si vindrent à lui le conte de Flandres, Robert, et le conte Jehan de Namur qui es-

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 372 à 376, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 599-600.
  2. Sur cette guerre contre les Maures de Grenade, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 476 à 479.
  3. Henri VII avait envoyé ses ambassadeurs au mois de juin 1309 au pape, à Avignon, pour lui demander d’approuver son élection (Continuation de Géraud de Frachet, dans Rec. des Hist., t. XXI, p. 32. Cf. Alfred Leroux, Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l’Allemagne de 1292 à 1318, p. 131-132).
  4. Les Grandes Chroniques n’ont pas emprunté la fin de ce paragraphe à la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis ; elles ont dû puiser à la même source que les Istore et croniques de Flandres (éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 255 et 256), car les deux récits sont identiques (cf. Chronographia regum Francorum, t. I, p. 184 à 191).