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assaillirent i manoir du devant dis bourgois Estienne, qui estoit nommé la Courtille Barbete, et par feu mis le degasterent et destruirent, et les arbres du jardin, du tout en tout corrompirent, froissierent et debrisierent. Et après eulz departans atout grant multitude d’alans a fus et a bastons, revindrent en la rue Saint Martin, et rompirent l’ostel du devant dit bourgois et entrerent enz efforciéement, et tantost les tonniaux de vin qui ou celier estoient froissierent et le vin espandirent par places ; et aucuns d’eulz, d’ycelui vin tant burent qu’il furent enyvrez. Et après ce, les biens meubles de la dicte maison ; c’est à savoir coutes, coissins, coffres, huches et autres biens froissans et debrisans, par la rue en la boue espandirent, et aus coutiaux les plumes des coutes espandirent, et les orillers traiant, contre le vent despitement geterent, et la maison en aucuns lieux descouvrirent, et moult d’autres dommages ylec firent. Et yce fait, d’ilec se partirent et retornerent traiant vers le Temple, ou manoir des Templiers où le roy de France estoit lors avec aucuns de ses barons vindrent, et ylec le roy assistrent, si que nul n’osoit seurement entrer ne issir hors du Temple. Et les viandes que l’en aportoit pour le roy geterent en la boue ; laquelle chose leur tourna au derrenier à honte et à dommage et à destruiement de corps. Lesquiex, après ce, par le prevost de Paris[1],

    Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 18-20, qui fait de cette sédition le même récit que les Grandes Chroniques, dit : « à ung jeudi devant la Thyphaine » et l’éditeur (Ibid., p. 18, § 17, note 4) propose de dater cette émeute du 30 décembre 1306.

  1. La Chronique parisienne anonyme (Ibid., p. 19) donne son nom : Firmin de Coquerel, d’Amiens.