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royaume de France, delez le mandement en l’an devant, passé les kalendes de novembre[1] non comparans ne venans, par Boniface riens n’ordena de ce qu’il avoit empensé à faire. Et pour ce que à profit venir ne pooient, si comme devant avoient segnefié et mandé, lors à eulz le pape de Rome, Jehan Le Moine[2], prestre et cardinal de l’eglise de Rome, en France envoia et destina, qui à Paris, au commencement du temps de quaresme vint. Quant le concile fu assamblé, il orent secret conseil avec eulz, et au pape par lettres closes ce qu’il avoit oy de eulz manda, et tant longuement demoura en France que jusques atant que sus ces choses le pape li mandast sa volenté et son plaisir.

[3]Et en cest an ensement, en Gascoigne, ceulz de Bourdiaux, qui jusques à maintenant souz le pooir du roy de France paisiblement et à repos s’estoient tenuz, quant il oïrent son repairement de Flandres sanz riens faire, touz ses gens et les François debouterent et chacierent hors de Bourdiaux, la seigneurie d’icelle cité à eus du tout en tout, par folle presompcion usurpans et prenans. Car adecertes il doubtoient, si comme pluseurs affermoient, que se la pais du roy de France et du roy d’Angleterre estoit du tout en tout faite, que

    Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, note 1. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 325.

  1. 1er novembre 1302.
  2. Jean le Moine, évêque élu d’Arras, avait été promu cardial par Célestin V en septembre 1294. Sur la mission de ce cardinal en France, voir Dupuy, Hist. du différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 15-16 et 88-89.
  3. Ce paragraphe est traduit de la Chronique latine de G. de Nangis, Ibid., p. 324-325, et non de la Continuation, ibid., p. 334. Cf. Rec. des Hist., t. XX, p. 588.