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frere le roy Phelippe. Adonc, par le conseil de sa gent, entre Fedrich et les Ceciliens et le roy Charles fist et ordena le pais en telle maniere qui s’ensuit[1]. C’est à savoir : ycesti Fedric, toute l’ille de Sezille, toute sa vie paisiblement et à repos, sanz non royal tendroit et poursuivroit. Et tout ce qui estoit en Calabre et en la terre de Puille, que li ou son frere le roi d’Arragon jadis avoit acquis, tout au roy de Sezille laisseroit ; noient moins que les chaitis qui de lonc temps ou de petit estoient en prison seroient delivrez sanz nulle riens donner, et delaissiées toutes rancunes et injures d’une part et d’autre. Adecertes, avec yces choses de conditement et accordement, ycelui Fedrich devoit prendre à femme la fille au roy de Cecille qui avoit non Alienor[2]. Et pour leur pooir estoient tenuz Charles conte d’Angou et Robert duc de Calabre[3], filz le roy de Secille, qui lors y estoit present avec Charles, labourer loyaument envers le roy d’Arragon, qui le droit du royaume de Sardaigne, ensement le droit au conte de Brengne[4] ou le droit du royaume de Chypre qui à yceulz, si comme l’en dit apartenoient, donroient et delaisseroient du tout en tout à Fedric yceulz royaumes dessus nommez. Cest otroiement dessus ces choses, le

  1. C’est le traité de Caltabellotta conclu le 31 août 1302 (Martène et Durand, Thesaurus anecdotorum, t. III, col. 57-58 ; Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 322-324. Cf. J. Petit, op. cit., p. 85).
  2. Éléonore de Sicile, fille de Charles II.
  3. Robert, duc de Calabre, fils aîné de Charles II, roi de Naples, lui succéda, le 6 mai 1309, dans le royaume de Naples et dans le comté de Provence ; il mourut à Naples le 14 janvier 1343.
  4. Latin : « comes de Bregna », le comte de Brienne.