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voies, au tiers jours après ce fait, à yce lieu vint le gardien des Freres Meneurs d’Arraz et recueilli le corps du très noble conte d’Artois desnué de vesteures et navré de xxx plaies ; lequel gentil conte, ycelui gardien, en une chapelle prochaine d’ileques de femmes de religion nonains, de petit edifiement, si comme il pot, quant il ot le service celebré, mist le corps en sepulture. Et vraiement yceste instance et demollicion et male aventure as François à venir et mescheance, ycelle comete ensement, qui à la fin du moys de septembre devant passé, à l’anuitier, par pluseurs jours fu veue par le royaume de France, et l’eclipse ou mois de jenvier faite, si comme dient aucuns, le segnefierent et demonstrerent.

Adonques Gui de Namur enhetié de la victoire des siens, ot lors courage embrasé de l’orgueil de occuper toutes Flandres, s’efforça de tendre à greigneurs choses ; car après[1], il assist ceus de Lille, et maintenant par tricherie et fraude, maintenant eulz comme ceulz de Tournay, ceulz d’Ypre, ceulz de Gant, ceulz de Douay[2] et les autres villes de Flandres à abandon venir efforça et ensement atrait. Et lors vers Arras manda à ses coureurs et fourriers à acueillir la proie ; lesquiex, comme il s’efforçassent à proier et à rober l’abbaïe du Mont Saint Eloy de la gent de l’evesque

  1. D’après les Annales Gandenses, p. 36, les Flamands auraient mis le siège devant la ville de Lille vers la fin de juillet, et elle se serait rendue vers le milieu du mois d’août (Ibid., p. 37). Cf. Chronique artésienne, p. 54, qui parle au moins d’un assaut qui eut lieu le 4 août.
  2. Jean de Namur serait entré à Douai le 12 août (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 414, et Annales Gandenses, p. 37, note 4).