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IV.
Comment le prince de Salerne fu delivré de prison[1].

Après, en l’an de grâce ensivant M CC IIIIxx et VIII, Charles le prince de Salerne, environ la Purificacion à la benoite Virge Marie[2] mere Nostre Seigneur, fu delivré de la prison au roy d’Arragon, en tel maniere qu’il li rendroit une grant somme de peccune[3], et qu’il feroit la pais de ses Arragonnois à son pooir envers l’eglise de Rome et le roy de France procureroit ; laquelle chose s’il ne pooit procurer dedenz iii ans, si comme il en estoit contraint à jurer, retorneroit arrieres jusques atant que il eust ces choses acomplies. Si fu pourforcié à baillier hostages ; c’est à savoir : iii de ses filz et xl[4] nobles hommes qui pour li demourroient.

En cel an meismes[5], une cité d’oultre mer qui est appellée Triple, fu prise du soudan de Babiloine[6] et

  1. Guillaume de Nangis, Chronique latine (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 572. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 274).
  2. Vers le 2 février 1289. Charles II d’Anjou fut délivré le 29 août 1288.
  3. La somme pour sa rançon était fixée à cinquante mille marcs d’argent (Rymer, Fœdera, éd. 1816, t. I, 2e part., p. 677).
  4. Rymer, Ibid., donne le chiffre de soixante « sexaginta ».
  5. Bernard Gui, dans ses Flores chronicorum (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 709), place cet événement en 1289 « in fine mense Aprilis, dum letaniæ fierent sancti Marchi ». Cette ville fut prise le 26 avril (Annales Genuenses, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. VI, col. 598).
  6. Kelaoun-Melek-el-Mansour.