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eglise où il cuidierent avoir garant[1] ; mais riens ne leur valut, car les portes furent tantost brisiées. Si ferirent en eulz les François, ne n’espargnierent homme ne femme, ne viel ne jeune, que tout ne meissent à mort, fors que i tout seul escuier qui avoit non le bastart de Roussillon qui monta haut sus le clochier du moustier ; et avec lui avoit ne scai quans compaignons qui se deffendoient merveilleusement bien et esprement. Si commanda le roy qu’il fust espargnié se il se vouloit rendre. Tantost il se rendi et pria que l’en li sauvast la vie. En tel maniere fu la cité destruite et le peuple affolé et mort[2]. Bien estoient ceulz de Gennes deceuz et engigniez qui s’estoient apuiez à l’art de seu[3] qui faut au besoing ; qui s’estoient de riens fiez au roy d’Arragon.


XLI.
Comment les François passerent les mons de Pirene[4].

Si tost comme la cité de Gennes fu destruite, il et

  1. « Sed quia sanctæ matris ecclesiæ et ministrorum ejus præceptum contempserant, damnato et impio præbentes auxilium, ipsis nec loci sanctitas suffragium contulit, aut fortitudo potuit prævalere » (G. de Nangis).
  2. Sur le sac d’Elne qui eut lieu le 25 mai 1285, voir Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 156, et Lecoy de la Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. I, p. 223-230.
  3. À l’art de seu, à la branche de sureau. « Sic ergo stultus et insipiens populus, qui se super baculum arundineum conquassandum cito, Petrum de Arragonia, innitebat, sua superbia et insipientia deletus » (G. de Nangis).
  4. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 530-533.