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VI[1], Phelippe le roy de France assembla entour la Penthecoste, en Tholousain[2], si grant multitude de gent, que c’estoit merveille à veoir, pour ce qu’il vouloit entrer en Arragon qui avoit esté donné et ottroié à Charles son filz. S’entente estoit d’avoir tantost besoignié ou royaume d’Arragon, et puis de passer tout oultre ou royaume d’Espaigne pour la grant injure que le roy Alphons, le roy d’Espaigne, li avoit faite de Blanche sa seur. Avec le roy ala messire Jehan Collet cardinal de Rome et toute la noble chevalerie de France. Si fu moult bien l’ost garni par devers la mer de galies et de vitailles et de toutes autres choses qui mestier leur avoient[3]. Le roy laissa la royne Marie sa femme à Carcassonne avec grant foison de nobles dames qui aloient après leurs barons. Si s’en ala à Nerbonne ; ilec atendi tant que toute sa gent fu assamblée[4] ; si fu commandé que touz ississent de Ner-

  1. Il faut lire : 1285. G. de Nangis dit seulement : « Anno posterius annotato », « el mois de mars » (Chronique de Primat).
  2. Philippe le Hardi arriva dans le Toulousain avant la Pentecôte qui, en 1285, tomba le 13 mai. Il prit l’oriflamme à Saint-Denis en mars, arriva le 24 à Saint-Martial de Limoges où il demeura pendant huit jours, fut à Toulouse en avril et entra le 30 avril à Narbonne (Langlois, op. cit., p. 154 ; Lecoy de la Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. I, p. 209).
  3. « Sane classis regia gentibus, armis ac victualibus munita regem tam ingens per æquora sequebatur, quod alter Neptunus posset non immerito appellari » (G. de Nangis. Cf. Langlois, op. cit., p. 154, et Lecoy de la Marche, op. cit., p. 207-208).
  4. « Expectavit enim ibidem aliquantulum gentem suam, quæ affluens e diversis partibus debebat in eadem urbe ex edicto regio congregari » (G. de Nangis).