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et as chastiaux. Les autres qui estoient en leur naviee se bouterent es galiees, et puis tournoient en fuie.

Le roy d’Arragon qui bien savoit le pooir le roy Charles et la hardiesce des François[1], si se pourpensa comment, ne par quel barat, il pourroit celi conchier ou decevoir, car il n’avoit talent d’aler contre li à bataille ; si li manda s’il estoit si osé ne si hardi que volentiers se combatroit à lui corps à corps, et qu’il preist c chevaliers des plus hardis qu’il pourroit trouver qui se combatroient contre c des plus esleuz de son royaume ; et que ce fust le premier jour de juign, es landes de Bourdiaux[2] ; et qui seroit vaincuz que jamais n’oroit honneur ne ne portast coronne[3]. Quant le roy de Cecile oy ce, si en fu tout lié et respondi tantost que bien le vouloit[4]. Les convenances furent jurées et promises de chascune partie. Tantost manda le roy Charles tout l’affaire au roy de France et li manda qu’il feist faire c armeures de fer, les plus nobles, les plus belles et les meilleurs que l’en pourroit trouver ne soutillier. L’Apostole Martin qui bien sot la

  1. Latin : « non ignorans regis Karoli probitatem, et succursum sibi de Francia advenisse ».
  2. Latin : « in planis Burdegalis ».
  3. G. de Nangis ajoute : « Non veniens vero ad diem prædictum in dicto loco sic præparatus, similes pœnas et etiam perjurium incurrebat. » Viennent ensuite six lignes de déclamation sur la fourberie du roi d’Aragon.
  4. Sur cette provocation en duel de Pierre d’Aragon et ses suites, voir Muntaner, chap. lxxiii et lxxxix à xcii ; Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. III, p. 549 à 552 ; Gesta comitum Barcinonensium, dans Marca hispanica, col. 562-563 et 578 à 594, et Chronique de Jean d’Outremeuse, t. V, p. 430-432. Cf. de Saint-Priest, Histoire de la conquête de Naples, t. IV, p. 108-122.