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Cecille à pais et à concorde envers le roy Charles. Si comme le cardinal vint vers le rivage de la mer[1], ceulz de Mechines et de Palerne li furent à l’encontre que il ne vouldrent en nulle maniere qu’il passast, et li distrent que le roy d’Arragon estoit entré en Cecile et avoit tout le pays tourné à li pour la rayson de sa femme qui droit hoir doit estre de la terre. Le cardinal vit bien que ceulz de Cecile tenoient le roy d’Arragon pour leur seigneur[2], et que nulle pais ne nulle amour ne trouverroit en eulz ; si s’en torna et raporta à l’Apostole comment les choses estoient alées : et avec tout ce, la plus grant partie de Calabre s’estoit à eulz accordée.

    Douze Apôtres en 1278, puis évêque de la Sabine, fut légat en Espagne et en Sicile, et mourut en 1302. Les lettres par lesquelles Martin IV lui confia la mission de pacifier la Sicile sont datées d’Orvieto le 5 juin (jour des nones) 1282 (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. III, p. 539). Sur cette mission, voir A. de Saint-Priest, Histoire de la conquête de Naples par Charles d’Anjou, t. IV, p. 73-76, et Léon Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles d’Aragon, p. 60 et 61.

  1. Les Grandes Chroniques omettent de dire, comme G. de Nangis, que les Siciliens avaient d’abord bien accueilli les envoyés du cardinal, mais qu’ensuite, à l’instigation de Pierre d’Aragon, ils refusèrent de les recevoir : « Sed ecce, cardinali ad littus maris civitatis Messanensis oppositum adveniente, dum nonnulli Siculi et specialiter Messanenses ejus nuncios libenter admitterent, dominium Romanæ ecclesiæ recognoscentes et publice invocantes, Petrus Aragoniæ rex intras Siciliam, ipsos et ceteros terræ Siciliæ in tantum incitavit, quod cardinalis nuncios recipere de cetero denegarunt. »
  2. Cf. Muntaner, chap. lx à sc.