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VI.
Du duc de Bretagne[1].

Assez tost après, en cel an meismes, Pierre Mauclerc s’en ala au roy d’Engleterre[2] et li fist entendant que se il vouloit, que encore porroit il recouvrer la terre de Normendie que le roy Jehan son pere avoit perdue. « Comment dist li roys la porroie-je recouvrer ? Se ce povoit estre, mout volentiers i metroie grant paine. » « Je le vous dirai » dist le duc. « Le roy de France est jeunes et enfantiz, ne n’a pas aage de porter couronne, ne n’a pas esté couronné par la cort des barons, mais contre leur volenté ; pourquoi se vous aliez seur lui nul ne li voudroit aidier, et ainsi porriez recouvrer la perte que vostre pere fist. » Tant dist et tant sermonna que le roy Henri s’en vint en Bretaigne atout grant nombre d’Englois[3] ; et le duc assambla grant foison de

    sa Chronique latine (éd. H. Géraud, t. I, p. 178), dit qu’il revint à Paris : « Parisius remeavit ».

  1. Vie de saint Louis, par Guillaume de Nangis (Ibid., t. XX, p. 316 à 317). Cf. Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, p. 179. Dans ce chapitre, les Grandes Chroniques entrent dans plus de détails que Guillaume de Nangis dans les passages correspondants de sa Vie de saint Louis et de sa Chronique latine.
  2. Ce n’est pas en 1228 que Pierre Mauclerc serait allé en Angleterre ; il aurait débarqué à Portsmouth le 9 octobre 1229 (Élie Berger, Histoire de Blanche de Castille, p. 161-163).
  3. Henri III ne vint pas alors en Bretagne comme le disent les Grandes Chroniques, d’après Guillaume de Nangis dans a Vie de saint Louis (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 316) et dans sa Chronique latine (éd. Géraud, t. I, p. 179), mais resta en Angleterre (Lenain de Tillemont, op. cit., t. I, p. 526). Cf. Élie Berger, op. cit., p. 123.