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barons qu’il estoit assez puissanz de son reanme gouverner avoec l’aide des bonnes genz qui estoient de son conseil. Pour ceste chose murmurerent les barons et se mistrent en aguet comment il porroient avoir le roy par devers euls et tenir lei en leur garde et en leur seignorie.

Si comme le roy chevauchoit parmi la contrée d’Orlienz si li fu acointié que li baron le faisoient espier pour prendre[1] ; si se hasta mout d’aler à Paris et chevaucha tant qu’il vint à Montleheri[2]. D’iluec ne se volt departir pour la doutance des barons ; si manda à la royne sa mere qu’elle li envoiast secours et aide prochainement[3]. Quant la royne oï les nouvelles, si manda les plus puissanz hommes de Paris, et leur pria qu’il vousissent aidier à leur jeune roy ; et il respondirent qu’il estoient touz apresté du faire et que ce seroit bon de mander les communes de France, si qu’il feussent tant de bonne gent qu’il poissent le roy metre hors de peril. La royne envoia tantost ses lettres partout le

    et la royne, sa mere, femme estrange, firent-il dou conte de Bouloingne, qui estoit oncles le roy, lour chievetain » (Joinville, Histoire de saint Louis, éd. N. de Wailly, § 72).

  1. Les vassaux conjurés contre le roi étaient assemblés en force à Corbeil (Joinville, Histoire de saint Louis, éd. N. de Wailly, § 72). Cf. Lenain de Tillemont, op. cit., t. I, p. 478.
  2. Guillaume de Nangis, dans la Vie de saint Louis, p. 314, dit : « apud Castra sub Monte Laterici », ce qui désignerait Châtres, auj. Arpajon, Seine-et-Oise, arr. de Corbeil, ch.-l. de cant.
  3. D’après Joinville (op. cit., § 73), la reine Blanche de Castille aurait été à Montlhéry avec son fils : « Et me conta li sainz roys que il ne sa mere qui estoient à Montleheri ne oserent revenir à Paris jusques à tant que cil de Paris les vindrent querre à armes. »