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gneur de Bergerac[1], et sousmistrent li et sa gent souz la poesté et en la subjection le roy de France. Quant le conte Richart et les Anglois sorent ces choses, il n’oserent puis combatre aus François, ainçois retornerent au plus tost qu’il porent en Angleterre.

Incidence. —[2]Il avint en l’an Nostre Seigneur M CC et XXV, ou mois d’avril, que uns hons vint en Flandres et dist que il estoit le conte Baudoin de Flandres, jadis empereor de Constantinoble et que il estoit eschapé aussi comme par miracle de la chartre des Griex. Plusseurs gens, grans et petiz de la contée de Flandres virent que il resambloit merveilleusement au conte Baudoin, et apperçurent par ses diz assez de signes que il avoient jadis veuz ou conte ; [si le reçurent à conte et à seigneur][3]. Et pour ce qu’il avoient en haine la contesse Jehanne fille du conte Baudoin, il la degeterent et li tolirent presque toute la conté de Flandres, et s’aerdirent du tout ou fauz[4] Baudoin. Quant la contesse se vit degetée de sa terre qui estoit son propre heritage en tel maniere, elle fu merveilleusement desconfortée ; et pour ce vint-elle au roy Loys de

  1. Hélie Rudel, seigneur de Bergerac, avait quitté le parti français entre le mois de mai et le mois d’août 1225 (Ch. Petit-Dutaillis, op. cit., p. 262).
  2. Sur l’affaire du faux Baudouin, voir Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, éd. de Gaulle, t. I, p. 359-370 et Ch. Petit-Dutaillis, op. cit., p. 396-398.
  3. Le ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. a omis cette phrase que nous avons rétablie à l’aide du royal ms. 16 G VI, fol. 387, et du ms. fr. 2615, fol. 216 vo, de la Bibl. nat. Le latin « eum quasi dominum receperunt » est ainsi rendu.
  4. Le ms. fr. 2813 a mis par erreur : « aus enfans ». Nous avons corrigé d’après le royal ms. 16 G VI, fol. 387 vo, et d’après le ms. fr. 2615, fol. 216 vo.