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chier pere et je sui vostre fiuz ; pourquoi je le doi fere. »


LXXVIII.
Comment le roy fesoit atenance de son cors[1].

Le roy, du consentement la royne sa fame, se tenoit par tout l’avent et par tout quaresme et par toutes les hautes vigiles, de coucher en son lit ; et après ce qu’il avoit receu le precieus cors de Jhesu Crist, il s’en tenoit par iii jourz. Il voloit que ses enfanz qui estoient parcreu et en aage oïssent chascun jour matines et la messe, vespres et complie, hautement, à note ; et vouloit qu’il fussent au sermon pour entendre la parole de Dieu, et qu’il deissent chascun jour le service Nostre Dame, et qu’il seussent letrez pour entendre les escriptures.[2]Quant il avoit soupé, si faisoit chanter complie, et puis retornoit en sa chambre et fesoit seoir ses enfanz devant lui et leur moustroit bonnes exemples des princes anciens, qui, par couvoitise, estoient deceu, et les autres par luxure et par orgueil, et que par tiex vices avoient perdu leur reammes et leur seignouries. Il fesoit à ses enfanz porter chapiaus de roses ou d’autres fleurs, au vendredi, en remembrance de la sainte couronne d’espines dont Jhesu Crist fu couronnez le jour de sa sainte passion.

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 402-404. Cf. Geoffroi de Beaulieu, op. cit., chap. xi et xiii ; G. de Saint-Pathus, op. cit., p. 129.
  2. Cf. Joinville, § 689.