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Tout fist enclorre de haus murs et de grosses tours, si qu’il pooient bien soustenir l’assaut de leur anemis. Quant les Sarrazins virent les granz despens que le roi fesoit, si se merveillierent mout, et leur fu bien aviz que le plus puissant homme du monde ne peust pas fere à ses despens ce qu’il fesoit ; quar il avoit perdu grant partie de son mueble et paiée sa raençon, et avoec ce qu’il avoit si grant ost à gouverner, que ce estoit mout grant chose à fere. Aucuns amiraus qui sorent la bonté de lui, li porterent honnour et reverence et li firent service et moustrerent signe d’amour.


LXVII.
Comment le roy ala en pelerinage[1].

Si comme le roy estoit à sejour en Acre, volenté li prist d’aler en pelerinage en la cité de Nazareth, où Nostre Sires fu noriz. Si se parti d’Acre mout devotement et vint jusques à i chastel qui a non Phore[2], qui est en Chanagalylée, où Nostre Sires fist de l’iaue vin quant il fu aus noces Archedeclin[3]. Quant il fu là venus, si se reposa jusques à l’endemain, et quant il se

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 384-387 ; Geoffroi de Beaulieu, Vita sancti Ludovici, ibid., p. 14.
  2. Guillaume de Nangis et Geoffroi de Beaulieu disent que saint Louis partit le 24 mars 1251 « de Sophoria ». Ils désignent ainsi la ville de Séphoris, l’ancienne Diocésarée, capitale de la Galilée entre Nazareth et Cana. Il aurait été de retour à Césarée le 29 mars (Lenain de Tillemont, t. III, p. 412).
  3. Archedeclin est le nom qui, au moyen âge, est donné au marié des noces de Cana (Saint Jean, chap. ii, versets 8 et 9 ; cf. Du Cange, vo Architriclinus).