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villes et leur fu tout abandonné à fere leur volenté. Quant les mestres des pastouriaus virent les genz obeir tout à leur volenté, si commencierent à briser huches et coffres, et prendre or et argent. Et avoec tout ce, il prindrent les jeunes dames et les pucelles et les vodrent couchier avoec eus. Tant firent que la joustice qui en grant agaiet estoit de congnoistre leur contenance, apperçurent leur mauvaistié, si les pristrent et leur firent confessier toute leur mauvestié et comment il avoient tout le païs enfantosmé par leur enchantemenz. Si furent les granz mestres[1] jugiez et penduz, et les enfanz s’en retornerent touz esbahiz chascun en sa contrée. Le baillif de Bourges envoia iii messages et leur commanda qu’il alassent de nuit et de jour à Marseille, qui porterent letres au viguier, esquelles toute la mauvaistié au mestre de Hongrie estoit contenue. Si fu tantost pris et penduz à unes hautes fourches et les pastouriaus qui aloient après lui s’en retornerent povres et mendianz.


LXIII.
Du descort qui fu entre les escoliers et les religions[2].

En celle année avindrent moult d’aventures en pluseurs contrées. Il avint à Paris que mestre Guillaume

  1. Le maître de Hongrie et un bon nombre de ceux qui le suivaient furent tués entre Morthomiers et Villeneuve-sur-Cher (Cher, arr. de Bourges, cant. de Charost).
  2. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 384-385 ; Chronique latine, t. I, p. 209. Sur ce conflit entre l’université de Paris et les ordres mendiants, voir Dr Max Bierbaum, Bettelorden und Weltgeistligkeit an der Universität Paris. Texte und Untersu-