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de grandes ressources à tous ceux que nos annales intéressaient. Les chroniques, les notes et les documents que l’on y conservait étaient une mine des plus abondantes dans laquelle ils pouvaient travailler. Or, de même que Vincent de Beauvais, pour écrire son Speculum historiale, achevé avant 1244[1], put puiser bien des renseignements dans la Chronique de Tours[2], de même un moine de Saint-Denis, au commencement du règne de Philippe le Bel[3], pour composer les Gesta Ludovici VIII put se servir de cette Chronique de Tours et en même temps du Speculum historiale. L’œuvre de Vincent de Beauvais et cette chronique sont, en effet, les deux sources principales et presque uniques de ces Gesta[4].

L’auteur de la chronique est une chanoine de Saint-

  1. Histoire littéraire de la France, t. XVIII, p. 456.
  2. Petit-Dutaillis, Étude sur la vie et le règne de Louis VIII. Introduction, p. xix.
  3. H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 198-199.
  4. « Aussi, l’auteur qui a composé les Gesta de Louis VIII, l’a-t-il copiée mot pour mot (la chronique de Tours), mais avec des retranchements, de sorte que notre anonyme peut être considéré comme le principal auteur de l’histoire de Louis VIII » (D. Brial, Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XVIII, p. xii). « Sur les dix-sept paragraphes que contiennent les Gesta Ludovici VIII, il y en a onze qui sont presque littéralement extraits du Chronicon Turonense. Le reste se rapproche le plus souvent de Vincent de Beauvais, sans toutefois le suivre d’aussi près » (H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 199). « Pour les années 1223, 1224, 1225, le compilateur a copié, abrégé ou déformé la chronique de Tours. Il a seulement emprunté à Vincent de Beauvais quelques détails sur la généalogie de Louis VIII, sur les événements d’Albigeois et de Poitou en 1224. Pour l’année 1226, il cesse d’utiliser la chronique de Tours et copie le récit de Vincent en omettant quelques détails. Bref, les Gesta Ludovici VIII n’auraient de valeur que si nous avions perdu les deux autres textes » (Petit-Dutaillis, op. cit. Introduction, p. xviii).