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le mestre du Temple amoit bien autrement[1] le proufit au soudan et s’onneur comme il fesoit au roy de France ou plus. Tantost le roy manda au mestre du Temple, par ses letres autentiques, que il ne feust dès ore en avant si osez qu’il receust nul mandement du soudan de Babiloine sanz especial commandement, ne que parlement tenist aus Sarrazins de riens qui apartenist au roy de France ne à ses barons.

Tant avoit grant amour entre le soudan et le mestre du Temple que quant il voloient estre sainiez, il se faisoient sainier ensamble et d’un meismes bras et une meisme escuelle. Pour telle contenance et pour pluiseurs autres, les crestiens de Surie estoient en soupeçon que le mestre du Temple ne feust leur contraire. Mais les Templiers disoient que telle amour monstroit-il et telle honneur li portoit por tenir la terre des crestiens en pais, et qu’elle ne feust guerroiée du soudan ne des Sarrazins.


XLVIII.
Des messages au roy d’Ermenie envoiez au roy de France[2].

Le roy d’Ermenie oï dire par certaine gent que le roy de France estoit en Chipre ; si li envoia ii evesques et ii chevaliers qui aporterent dons et presens et lettres esquelles il avoit escript qu’il metoit tout son reanme

  1. Bibl. nat., ms. fr. 2813 : « autretant » ; ms. fr. 17270 : « autant ».
  2. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 368-369. Cf. d’Achery, Spicilège, t. VII, p. 215.