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leur chevaus et leur bestes demeurent touz jorz en pastures, car il n’ont orge ne paille ne autre chose qui peust souffire à leurs bestes. Les haus princes envoient devant leur forriers qui cerchent les terres et les contrées et prennent quanqu’il truevent et metent en leur seignorie, et de ce qu’il ont pris il en envoient une partie au roy Cham et à ses barons qui demeurent en sa compagnie, et l’autre retienent por eus soustenir. Si ont une coustume, que quant le grant roy Cham est mort, les princes et les chevetaines ont pooir d’establir et de faire nouviau roy ; mais il couvient qu’il soit fiuz ou neveu au roy qui devant est mort, ou qu’il li apartiegne de bien près. Et disoient les messagiers que le roy qui les avoient envoiez estoit issus de fame crestienne et avoit esté fille prestre Jehan le roy d’Inde[1]. Et par l’amonnestement de celle bonne dame et d’un saint evesque qui avoit non Chalassias[2], le roy des Tartarins et xviii autres roys et pluseurs autres princes avoient receu le saint baptesme[3] ; et sont encore entr’eus, mout de haus princes et pluseurs autres que ne se veulent crestienner. Et sachiez que le prince Eschartai par qui noz sommes ça venus est religieus

  1. Le Prêtre-Jean aurait été un prêtre nestorien qui, au milieu du xiie siècle, se serait emparé des régions orientales de l’Asie et de l’Inde. Son successeur fut vaincu et tué par Gengis-Khan, qui aurait épousé sa fille. Voir sur lui : Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. x ; Du Cange, Glossaire, éd. Favre, t. X, p. ccxxxii ; Lenain de Tillemont, op. cit., t. III, p. 419. Cf. Joinville, chap. xciii et xciv.
  2. Eudes de Châteauroux et G. de Nangis : « Malassias. »
  3. Lenain de Tillemont (Vie de saint Louis, t. III, p. 223) dit qu’il « n’est pas aisé à croire » que le khan ait reçu le baptême.