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pais, laquelle fu faite en la maniere qui s’ensuit[1] : c’est asavoir que toute la terre que le roy avoit conquise sus le conte de la Marche, son pere, demourast paisiblement au conte de Poitiers frere le roy. Et du remenant, le conte et sa fame et ses enfanz se metroient du tout en tout en la merci le roy et deliverroit ledit conte iii chastiaus fors et bien garniz en ostage ; c’est à savoir Mesplin[2], Crotai[3] et Hacardi[4], esquiex le roy avoit ses garnisons et ses sodoiers aus cous dudit conte[5]. Pour ce que ledit conte n’estoit pas present à ces convenances enteriner, le roy reçut Hue son filz en ostage jusques à l’endemain que le conte devoit venir.

Quant le conte de la Marche sot comment le roy s’estoit acordé, si vint l’endemain faire ferme et estable ce que son filz avoit promis, et amena avoec lui sa fame et ses ii enfanz, et s’agenoilleirent devant le roy[6] et li crierent merci plain de sopirs et de lermes, et commencierent à dire : « Très douz rois debonnaire, pardonne-nous t’ire et ton mautalent, et aies pitié de nous, car nous avons mauvaisement et par orgueil alé

  1. La paix entre le comte de la Marche, Isabelle, sa femme, et saint Louis, fut conclue le 1er août 1242 au camp établi devant le ville de Pons (Layettes du trésor des chartes, t. II, no 2980). Voir aussi, no 2981, lettres d’Alphonse de Poitiers de même date reproduisant celles du comte de la Marche.
  2. Mesplin, auj. Merpins, Charente, arr. et cant. de Cognac.
  3. Crotai. Le texte latin donne Crosanum, auj. Crozant, Creuse, arr. de Guéret, cant. de Dun-le-Palleteau.
  4. Hacardi ; latin : Castrum Achardi, auj. Château-Larcher, Vienne, arr. de Poitiers, cant. de Vivonne.
  5. Ce fut par lettres du 3 août 1242 qu’Hugues de la Marche et Isabelle, sa femme, livrèrent ces villes au roi (Layettes du trésor des chartes, t. II, no 2984).
  6. Cf. Joinville, Histoire de saint Louis, éd. de Wailly, § 104.