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sance ou par vostre volenté, car le reanme de France n’est mie encore si affebloié qu’il se lesse mener ne fouler à vos esperons. » Quant l’emperere entendi les paroles contenues es lettres le roy, il li envoia les prelaz de son reanme contre sa volonté, mès il le fist pour ce qu’il douta forment le bon roy à corroucier.


XXVII.
Comment le roy fist son frere chevalier[1].

Mil CC et XLI el temps de grâce, le roy de France assambla à Saumur grant plenté d’arcevesques et de evesques et de abbez et des barons de son reanme, et fist messire Alphons[2], son frere, chevalier, et si li donna à fame la fille au conte de Thoulouse[3], et la contrée de Poitiers et la terre d’Auvergne et celle d’Aubigois. Li baron et li chevalier firent grant feste et furent vestu de samit et de soie[4]. Quant la feste fu passée, le roy requist le conte de la Marche que il feist homage à son frere por la terre que il tenoit de lui en Poitou. Mais le conte qui se fioit el roy d’Engleterre pour ce

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 334-335 ; Chronique latine, t. I, p. 194. Cf. Joinville, Histoire de saint Louis, éd. N. de Wailly, §§ 93 à 97.
  2. Alphonse fut fait chevalier le 24 juin 1241.
  3. Alphonse épousa Jeanne, fille unique de Raymond VII, comte de Toulouse, en 1237 (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. VII, p. 96-97).
  4. Le comte des dépenses de la fête de Saumur a été publié par E. Boutaric dans Bibliothèque de l’École des chartes, 3e série, t. IV, p. 22, puis dans le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 616.