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des moines de leenz qui estoit avugle, ne n’avoit veu de lonc temps ; et tantost il vit aussi cler comme il avoit onques fait en toute sa vie.


XXVI.
Comment le roy delivra de prison les prelaz de son reanme[1].

Le roy de France ot mout grant pitié des prelaz de sainte Yglise et regarda que toute humaine aide failloit à l’eglise de Romme, et fu mout corrouciez des prelaz de son reanme que l’empereor tenoit en sa prison. Il manda l’abbé de Corbie et Gervaise de Seurennes[2] et leur commanda qu’il alassent à l’empereour et qu’il li deissent de par lui, qu’il, par amours et par grâce, il delivrast les prelaz e son reanme que il tenoit en chaitivoison. L’emperere entendi bien la requeste le roy de France, mais il n’en mist rienz à execution, ançois respondi aus messages qu’il n’avoit pas conseil de ce faire. Et si tost comme li message furent retorné, il envoia les prelaz enchartrer en la cité de Naples[3], et manda par ses messages au roy de France : « Ne se merveille pas la royal majesté de France se Cesar Auguste tient estroitement ceus qui Cesar vou-

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 332-333 ; Chronique latine, t. I, p. 193. Cf. Raynaldi, op. cit., t. II, p. 274-277.
  2. Dans le texte latin de la Vie de saint Louis (Gesta sancti Ludovici), ce personnage est appelé : « Gervasius de Escriniis. »
  3. Sur l’incarcération des prélats à Naples et sur les souffrances qu’ils endurèrent alors, voir Mathieu de Paris, op. cit., t. IV, p. 129-130.