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seil, si commanda à aucuns des prelaz, que en vertu d’obedience, de par le pape, que toutes choses lessiées, il venissent avoec lui à la court de Romme, et leur dist qu’il trouverroient navie toute preste au port de Nice, qui les conduiroit plus seurement par mer que par terre, quar l’empereour Federic, qui bien savoir leur affaire, faisoit garder touz les chemins par là où il devoient passer, et savoit bien qu’il devoient aler à Romme pour lui condampner. Tant esrerent ensamble les prelaz de France avoec le blanc cardinal qu’il vindrent là. Si comme il durent entrer en mer, il leur fu dit que l’empereour faisoit garder les passages et par terre et par mer estroitement. Si orent si grant paour qu’il en retorna la greigneur partie en France[1] ; les autres entrerent en mer avoec le cardinal, et abandonnerent les cors por sauver les âmes[2].

Lors avint que Mainfroi, qui estoit filz l’emperour de bast, gardoit la mer de nuit et de jour a grant plenté de galies et de gent d’armes. Si les aperçut passer assez près de la terre de Puise ; si leur vint au devant, li et sa gent et prist le legat et les prelaz et les envoia à l’empereor son pere[3], et il les envoia tan-

  1. Guillaume de Nangis dit que retournèrent en France l’archevêque de Tours (Juhel de Mathefelon), celui de Bourges (Philippe Berruyer), l’évêque de Chartres (Aubry Cornut) « et moult de procureurs qui avec euls estoient ». Cf. Lenain de Tillemont, op. cit., t. II, p. 397.
  2. Sur le voyage du légat et des prélats qui l’accompagnèrent, voir Raynaldi, op. cit., t. II, p. 268-274. Cf. Lenain de Tillemont, p. 398-399.
  3. Le combat naval dans lequel les prélats furent pris se livra le 3 mai 1241 (Raynaldi, op. cit., t. II, p. 269). Cf. Mathieu de Paris, Chronica majora, éd. Luard, t. IV, p. 126.