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que le conte vouloit entrer en France par force d’armes. Si manda le conte de Poitiers son frere et Robert d’Artois, et prindrent conseil ensamble qu’il manderoient leur genz ; et ainsi le firent[1], et puis se mistrent au chemin droit vers Champaigne pour abatre la fierté du conte. Le conte Thibaut sot que le roy venoit contre lui a grant compaignie de gent ; si se douta que le roy ne li tolist sa terre ; si envoia au roy des plus sages homes de son conseil pour requerre pais et amour. Et pour ce que li roys avoit fait despens à sa gent assambler, le conte li donnoit ii bonnes villes avoeques les apartenances ; c’est asavoir Monstereul en for d’Yonne[2] et Bray sur Saine[3]. Le roy, qui touz jorz fu piteus, li otroia pais et acordance[4]. A celle pais faire fu la royne Blanche qui dist : « Par Dieu, conte Thibaut, vous ne deussiez pas estre nostre contraire. Il vous deust bien remembrer de la bonté que

    Histoire des ducs et des comtes de Champagne, t. IV, 1re partie, p. 271-279).

  1. Saint Louis aurait réuni son armée le 8 juin 1236 à Saint-Germain-en-Laye (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. II, p. 277, et d’Arbois de Jubainville, op. cit., p. 276) et l’aurait conduite jusqu’au bois de Vincennes (Guillaume de Nangis dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 322).
  2. Montereau-faut-Yonne, Seine-et-Marne, arr. de Fontainebleau, ch.-l. de cant.
  3. Bray-sur-Seine, Seine-et-Marne, arr. de Provins, ch.-l. de cant.
  4. Saint Louis serait ensuite rentré à Paris : « Rex cum gente sua Parisius remeavit » (G. de Nangis). Sur les affronts que Robert d’Artois aurait fait subir à Thibaut lors de son entrevue avec le roi, voir Chronique de Philippe Mouskes, éd. de Reiffenberg, vers 29165 à 29171, et Récits d’un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 358. Cf. Lenain de Tillemont, op. cit., t. II, p. 281.