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Sepulcre Nostre Segneur. Si aportoient ci message les clés dou sepulchre au roi et li proierent humblement, de par toz les crestiens de là, pour Dieu premierement et pour pitié de la crestiene religion, que il secorust la terre qui estoit au prendre et de tot en tout perdue, se ele n’avoit secors de Dieu et de lui.

Mais tandis com il estoient seur mer, li maistres dou Temple trespassa de cest siecle, et li autre dui message, qui moult orent de tormenz et de periuz furent assali de larrons galioz[1]. Mais toutes voies eschaperent et nagierent[2] tant que il vindrent à port, puis esploitierent tant que il vindrent à Paris. Là fu li patriarche receuz de l’evesque Morise[3], de totes les religions et dou pople sollempnement, ausi come se ce fust uns angres que Diex envoie en terre. L’endemain[4], celebra en l’eglise et fist le sermon au pople. [5]Li rois n’estoit pas à Paris en ce point que il vinrent ; mais quant il oï dire que tels message estoient venu, il lessa toutes autres besoignes et leur vint à l’encontre au plus tost que il pot et les reçut en baisier de pais moult honorablement, et commanda moult expressement aus baillis et aus prevoz de son roiaume[6], que il leur amenis-

  1. Galioz, pirates.
  2. Nagierent, naviguèrent.
  3. Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 jusqu’au 11 septembre 1196, date de sa mort. Voir sur cet évêque l’étude de M. Victor Mortet dans les Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XVI, 1889, p. 105-318 ; Maurice de Sully, évêque de Paris (1160-1196) ; Étude sur l’administration épiscopale pendant la seconde moitié du XIIe siècle.
  4. Le 17 janvier.
  5. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 31.
  6. Dans le latin on a seulement : « propositis terre sue sive dispensatoribus ».