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miere raison pourquoi il bouta toz les Juis fors de son roiaume.

[1]La seconde cause fu tele que il trectoient et menioient[2] vilenement et ordement les aornemenz des eglises que il tenoient en gages pour la neccessité dou pople ; come textes[3] d’or, et kalices, et croiz d’or et d’argent[4], chapes et chasubles et mainz autres garnemenz. Si vilenement les tenoient en la honte de sainte Eglise, que il fesoient soupes en vin à leur juiciaus[5] es kalices benooiz et sacrez à Dieu, en quoi li cors et li sans Nostre Seigneur est consacrez et benoiz ou saint sacrement de l’autel[6]. Maintes autres enormitez fesoient-il en despit de Nostre Seigneur, en comble de leur dampnation. Si ne prenoient pas garde à ce que il trovent escrit en leur loy[7] ; coment Balthasar rois de

  1. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 13.
  2. Menioient, usaient de.
  3. Textes, les évangiles.
  4. Le royal ms. 16 G VI, fol. 331, ajoute en note : « Esquelles estoit emprainte l’ymaige et la remembrance de Nostre Seigneur Jhesu-Crist ».
  5. Leur juiciaus ; latin : « infantes eorum », leurs petits Juifs.
  6. « Et les faisoient mengier à leurs enfans dedens les calices » (royal ms. 16 G VI, fol. 331 vo).
  7. Le royal ms. 16 G VI, fol. 331 vo, ajoute en note : « Ce qui est cy escript est confusement et n’y est pas le tiers de la figure ; et pour ce l’ai-je mise ci après, si come elle est es croniques en latin. Ou livre des Roys (liv. IV, chap. XXV) comment Nabugodonozor roy de Babiloine, en l’onziesme an du royaulme Sedechiel roy de Jherusalem, par les pechiez des Juifs, par Nabuzardam, le prince de sa chevalerie, prist la sainte cité de Jherusalem, et prist touz les aournemens de l’autel et touz les vaisseaulz qui estoient à Dieu sacrez, et finablement pilla et ravi tout ce que le sage roy Salemon avoit edifié en l’onneur de Dieu. Mais Nabugodonozor, jasoit ce que il feust