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I.


Coment il fu nez et de l’avision son pere.


[1]En l’an de l’Incarnation M CLXV, fu nez li bons rois Phelippes, en XI kalende de septembre, à la feste saint Thimothée et saint Simphorien[2]. Quant li enfes fu nez, il fu apelez Philippe Dieudonez, par anthonomasie, car li rois Loys ses peres, qui estoit sains hons et bons crestiens, avoit receues pluseurs filles de III fames que il ot espousées[3] ; ne avoir ne pooit nul hoir masle, qui après lui governast le roiaume de France. Mais, à la parfin, li preuzdons et la noble roine Ale sa fame, et

  1. Rigord, Gesta Philippi Augusti (éd. H.-F. Delaborde, § 1).
  2. Dimanche 22 août. Philippe-Auguste naquit la veille au soir, soit le samedi 21, à Paris, et non à Gonesse, comme on l’admet souvent (A. Cartellieri, Philipp II August, t. I, p. 5, et La naissance de Philippe-Auguste, dans Revue historique, t. XLVII (1891), p. 309). Il fut baptisé par l’évêque de Paris, Maurice de Sully, dans l’église Saint-Michel, du Palais (Victor Mortet, Maurice de Sully, évêque de Paris (1160-1196), dans Mém. Soc. hist. de Paris, t. XVI, p. 271).
  3. Louis VII avait eu successivement comme femmes : 1o en 1137, Éléonore d’Aquitaine, dont il eut deux filles, Marie, qui en 1164 épousa Henri Ier, comte de Champagne, et Alix, mariée vers la même époque à Thibaut V le Bon, comte de Blois ; 2o en 1154, Constance, fille d’Alfonse VIII, roi de Castille, qui lui donna deux filles aussi : Marguerite, mariée en 1160 à Henri au Court Mantel, fils du roi d’Angleterre Henri II, puis, en 1186, à Bela III, roi de Hongrie, et Alix, qui, après avoir été fiancée à Richard Cœur de Lion, épousa en 1195 Guillaume III, comte de Ponthieu ; 3o Alix ou Adèle, fille de Thibaut II le Grand, comte de Champagne ; outre Philippe-Auguste, elle lui donna Agnès, qui fut fiancée en 1180 à l’empereur grec Alexis II Comnène, mariée en 1183 à son successeur Andronic et, après la mort de ce dernier, à Théodore Branas, seigneur grec.