Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

estoit si loing de li et si longuement. Si se doutoit encores plus que li enfes n’acoustumast mauveses mors et mauveses enfances de la maniere des genz dou païs[1] ; quar quant tiex aages est norriz es mauveses taches[2], il ne les desaprent pas legierement. Pour ce, li manda que il venist à lui.

Li enfes qui ja estoit granz et bien chevauchanz ordena de son roiaume au conseil Arnoul son mestre et lessa es provinces et es marches contes et baillis pour la terre governer et defendre, se besoinz fust. A granz grenz mut et vint à son pere là où il le manda[3]. En habit gascon estoit atornez, si comme li peres l’avoit commandé, il et autre enfant de son aage, fiuz de nobles homes qui ovec lui chevauchoient par compagnie. Si avoit vestue ausi comme une cloche rounde[4], et les manches de la chemise longues et pendanz[5] ; les esperons laciez seur les chauces et un javelot en sa main.

Ovec le pere demoura une piece dou tens, et ala ovec lui jusques à Heriburc[6]. Quant li estez fu auques trespassez et ce vint vers le tens de septembre, il prist

  1. « Cavens ne… aut filius in tenerioribus annis peregrinorum aliquid disceret morum. »
  2. Taches, mœurs, habitudes.
  3. Dans la Vita Hludowici imperatoris, chap. iv, on donne le nom de la ville où il se rendit, « occurrit ad Patrisbrunam », auj. Paderborn. Le mot : Patrisbrunam, ne fut peut-être pas compris par l’auteur des Grandes Chroniques.
  4. Latin : « amiculo scilicet rotundo », amiculum désigne une sorte de manteau.
  5. Le texte latin, donnant une description plus complète de l’habillement de Louis le Débonnaire, ajoute ici : « Cruralibus distentis. »
  6. Heriburc, Ehresbourg, auj. Marsberg, en Westphalie, district d’Arnsberg.