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l’oneur et pour l’amor des glorieus martyrs. Mès avant, nous estuet metre[1] une merveilleuse avision que Nostres Sires vot que il eust à sa vie pour son amendement et que il meismes conte de sa propre bouche. Si ne la devons pas oublier, ja soit ce que nous la deussiens avoir mise en l’ordre des faiz de sa vie. Si parole par premiere persone, comme cil à cui l’avision avint, mès nous la raconterons par tierce persone, et commence ensi.

[2]Challes, par le don de Nostre Segneur, rois de Germanie, patrices des Romains et empereres de France, après le service des matines de la Nativité de Nostre Segneur s’estoit couchiez pour reposer. En ce point que il se dut endormir, descendi à lui une voiz moult horriblement, et li dist : « Challes, tes epseriz s’en istra maintenant de ton cors et sera menez en tel lieu où il verra les jugemenz de Nostre Segneur et aucuns signes des choses qui sont à avenir. Mès après, en poi d’eure, retornera à ton cors. » Tantost fu raviz ses esperiz, et cil qui le ravi estoit une chose très blanche ; si tenoit un luissel[3] de fil aussi resplendissant come la trace de ce que nous veons ou ciel, que au-

    expavescens, a malis se subtraheret, et rursum ostensus est floriger campus ubi requiescunt boni q[u]atinus magis ac magis in bonis proficeret, ut tandem illuc pervenire posset. »

  1. Nous estuet metre, il nous faut mettre.
  2. Le récit de cette vision, qui est également rapportée dans le ms. lat. 14117 de la Bibl. nat., fol. 134 vo à 136 vo, commence ainsi dans le ms. lat. 12710 : « Ego Karolus, gratu[i]to Dei dono rex Germanorum ac patricius Romanorum atque imperator Francorum, sacra nocte Domini Dei, post celebratum matutinarum horarum divinum officium, etc… »
  3. Luissel, peloton.