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honorablement que il pot pour son fil oster de peril. Les messages d’une gent qui sont apelé Behim[1] mist en prison pour ce que il estoient à lui venu par tricherie comme message et ausi comme pour lui et pour sa gent espier.

[2]Incidence. — Au roi Kalle de France vindrent diverses noveles de Salemon le duc de Bretagne. Li un disoient que il estoit morz et li autre que il estoit malades ; mais les plus vraies estoient de sa mort, en la maniere que nous vous dirons[3]. La veritez, si est que il estoit haïz des plus nobles homes de Bretagne ; Pascuitan et Urban[4] et Ruhlun et d’aucuns François à cui il avoit fait vilenies et gries. Cil et maint autre le pristrent I jor à chacer, lui et son fil Widon, son fil pristrent et le mistrent en prison, mais Salemons eschapa et s’enfui en une vile qui en leur langue est apelée Pancheron[5], et se feri en un mostier pour soi garantir. Pris fu de ses homes meismes et livrez à Fulcart et aus autres François. Les ieuz li creverent et l’endemain fu trovez morz. Si semble que ce fust venjance de Dieu, pour pugnir sa grant desloiauté, car il avoit chacié Heripone[6] son droit segneur jusques

  1. Behim, Bohémiens.
  2. Annales de Saint-Bertin, année 874.
  3. Voir, sur la mort de Salomon, de la Borderie, Hist. de Bretagne, t. II, p. 114.
  4. Sur Paseweten et Gurwant qui, après la mort de Salomon, se partagèrent la Bretagne, le premier ayant pris le sud, le second le nord, voir de la Borderie, Ibid., p. 318-322.
  5. D’après M. de la Borderie (Ibid., p. 114, note 3), ce serait le pays de Poher, qui appartient presque en entier au bassin de l’Aune.
  6. Erispoë, cousin de Salomon, que ce dernier tua sur l’autel d’une église où il s’était refugié (de la Borderie, Ibid., p. 82).