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Chauf son oncle, qui bon conseil li looit, se il le vousist avoir creu. Mais pour nul amonestement ne vout lessier son propos, ainz mut et s’en ala parmi Lombardie droit à Bonivent à l’empereor Loys son frere. A ceste voie s’acorda bien li rois Kalles li Chaus, pour ce que il avoit esperance que il se refrainsist de sa mauvaise volenté par le chastoiement et par l’amonestement l’Apostoile. Mais à ce ne s’acordoient pas pluseur des prelaz de France, ainz le contredirent tant com il porent cil qui estoient meu par le Saint Esperit et qui se doutoient que esclandres et periuz n’en venist à sainte Eglise de ceste chose, car il avoient doute de ce qui après en avint, que li Apostoiles ne feist sa volenté par proieres et que commune error n’en fust espandue en sainte Eglise. Toutesvoies, mut-il si com il avoit proposé. A l’Apostoile[1] s’en ala et empetra ce que il vout.[2]De Rome se parti bauz et liez et vint jusques à la cité de Luques. Là fu malades d’une fievre, et là meismes seurprist une maladie toute sa gent si grant et si crueuse que il les veoit morir devant lui à granz monciauz ; ne ainques pour ce ne s’averti, ne ne vout entendre la venjance ne le jugement Nostre Segneur. De Luques se parti et s’en vint à Plaisence en viii yde du mois d’aoust[3]. Là demora

  1. L’entrevue de Lothaire et du pape Adrien II, successeur de Nicolas Ier, eut lieu au Mont-Cassin le 1er  juillet 869 (R. Parisot, op. cit., p. 318. Cf. Annales de Saint-Bertin, année 869). Lothaire partit ensuite pour Rome où il arriva le samedi 9 juillet (R. Parisot, p. 320).
  2. À partir d’ici les Grandes Chroniques suivent les Annales de Saint-Bertin (Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 482 ; Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VII, p. 104).
  3. Samedi 6 août 869 ; Lothaire mourut le surlendemain, soit