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despit les commandemenz Nostre Segneur qui commande que l’on port honeur à son pere et à sa mere. »

[1]Après ces paroles, il commanda que l’on chantast vegiles devant lui ; si estoit samedis à soir. Et puis, commanda que on le segnast du signe de la sainte croiz[2]. Il meismes prist la croiz et fist signe seur son front et seur son piz. Et quant il estoit las, il fesoit signe à l’evesque Drove son frere, que il le prinsegnast[3]. Toute cele nuit demora ensi si foibles que nule vertuz corporiex n’estoit en lui ; mais touz jors avoit pensée sobre et atemprée et certaine memoire du sens naturel. Au diemenche matin commanda que on apareillast por chanter messe, et vout que li evesques Droves, ses freres, la chantast. Après la messe reçut son Sauveor, et en kalice, un petit de son precieus sanc[4]. Lors pria son frere et touz les autres qui là estoient que il alassent mengier, et dist que il atendroit bien tant que il fussent revenu. Après, quant il orent mengié et il furent devant lui et il senti que l’eure de son trespassement aprochoit, il joinst le pouce au doit, et

  1. Vita Hludowici imperatoris, chap. lxiv.
  2. Le traducteur a commis une faute de lecture ou avait peut-être sous les yeux un manuscrit défectueux, car, dans le texte de la Vita Hludowici, il est question du bois de la vraie croix et non d’un signe de croix : « præcepit ut… ligno sanctæ crucis pectus suum muniretur ».
  3. Que il le prinsegnast, qu’il le bénit en faisant le signe de la croix.
  4. Ici le traducteur commet une erreur, car Louis le Débonnaire reçut la sainte communion et ensuite demanda seulement à boire une potion tiède « jussit… communionem sacram sibi et post hæc cujusdam potiunculæ calidulæ haustum præberi » (Vita Hludowici).