Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciel qui les genz espoantent[1]. Et li empereres respondi par grant sens et par grant fermeté de cuer et de foi : « Nous ne devons, dist-il, nule riens douter, fors celui qui cria l’estoile et nous maismes, si ne povons pas assez loer ne merveillier sa debonaireté qui nous daigne amonester par tiex signes que nous, qui sommes pecheor et sanz repentance, nous retraions de noz pechiez. Et pour ce que cist signe touche moi et touz les autres, chascuns se devroit efforcier de sa vie amender, que noz pechiez ne nous tolent à avoir sa grâce et sa misericorde. »

Quant il out ce dit, il demanda le vin, si but[2] et puis tuit li autre. Presque toute cele nuit veilla en proieres et en oroisons. Au matin, apela les menistres du palais et commanda que l’on donast aumosnes aus povres largement, aus moines, aus chanoines et aus autres genz de religion. Messes fist chanter à tant de prestres comme l’on pout trover. Si ne se doutoit pas tant de lui comme de l’estat de sainte Eglise que il avoit à garder.

Enprès ces choses, s’en ala chacier en la forest d’Ardaine, et ensi comme l’on disoit, toutes les choses que il vout ordener et faire en ce tens li vindrent à bone fin.[3]Le mois d’aoust aprochant[4], fu à Es la Chapelle.

  1. Jérémie, chap. x, v. 2.
  2. « Et ipse paulisper mero indulsit, et omnibus id facere jussit, et unumquemque ad sua se colligere jussit. » Cette dernière partie de la phrase de la Vita Hludowici, que les Grandes Chroniques n’ont pas traduite, montre que la scène précédente rapportée par l’Astronome eut lieu le soir, avant le coucher.
  3. Vita Hludowici imperatoris, chap. lix.
  4. Ici l’auteur des Grandes Chroniques a fait un contresens. On a dans le texte latin : « Præterea insistente Augusta et mi-