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merveillier du fin cuer et de la bone volenté l’empereor, et com saintement et dignemnt Nostre Sires le governa touz les jors de sa vie. Car quant il out oïes les noveles de la mort de ces nobles homes qui par haine de lui l’avoient guerpi et s’en estoient alé à Lothaire son fil, il ne s’en esjoi onques en son cuer, ne ne s’esleecha de la mort de ses anemis, ainz commença à plorer et à batre sa corpe, et à prier à Nostre Segneur que il leur pardonast leur pechiez.

En ce tens se revelerent li Breton[1] derechief ; mais ausi legierement furent-il chastoié et abatu comme li empereres mist s’esperance en Celui à cui l’on dit : Biau Sire Diex, tu as povoir quant tu veuz[2].

En ce tens, droit entor la Chandelor, assembla li empereres grant parlement à Es la Chapele[3], et meesmement d’evesques. Là fu ordené de l’estat des eglises et fu faite complainte des rapines et des gries que Pepins et li sien avoient fait aus eglises. Pour ce, fu ordené que Pepins et sa gent fussent amonesté à com grant peril[4] de leur ames il avoient tolues et ravies les choses des eglises. Si tint ceste amonition bone fin, car Pepins et sa gent reçurent debonairement l’amonestement de l’empereor et des sains peres. Il obei volentiers à son pere, car il rendi aus eglises leur biens et leur possessions et conferma la restitution par

  1. Sur ces luttes des Bretons conduits par Nominoë contre les comtes de la Marche franco-bretonne, voir A. Le Moyne de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. II, p. 31.
  2. Sagesse, chap. xii, v. 18.
  3. Voir les actes du synode tenu à Aix-la-Chapelle en 836, dans Labbe et Cossart : Sacrosancta Concilia, t. VII, col. 1700-1768. Cf. Hefelé, Hist. des Conciles, t. V, p. 287.
  4. « Cum quanto sui periculo. »