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gression que nous relevons à la fin de l’histoire des Carolingiens. On sent qu’alors les pâles représentants de cette dynastie sont passés au second plan. Leur action dans le gouvernement du pays ne se fait plus sentir. Débordés par les événements, jouets des intrigues des grands qui les entourent, ils semblent être des épaves flottantes de l’Empire de Charlemagne qui s’est disloqué.

Pour faire connaître dans ses principales lignes le règne de Louis le Débonnaire et pour retracer la physionomie de cet empereur, Primat trouva un bon guide dans l’historien anonyme appelé l’Astronome. Ce surnom fut donné à ce dernier à cause du soin qu’il prit de consigner dans son œuvre les comètes, les éclipses et les différents phénomènes météorologiques survenus de son temps. De sa personne et de sa vie, on ne connaît rien. Tout ce que l’on peut dire d’après son œuvre, c’est que, contemporain de Louis le Débonnaire, et homme d’église, il dut passer une partie de sa vie à la cour au rang des familiers de l’empereur[1]. Admirateur de ses vertus et connaissant bien son caractère, il lui resta toujours fidèle au milieu des dissensions qui agitèrent son règne. S’il fut témoin d’un grand nombre de faits qu’il rapporte, il n’écrivit cependant pas son ouvrage au fur et à mesure que les événements se produisaient. Ce fut même seulement après la mort de Louis (840), au moment des guerres

  1. On a la preuve qu’il vivait au palais dans l’entourage de l’empereur par ce qu’il dit à la fin de son prologue : « Posteriora autem quia ego rebus interfui palatinis quae vidi et comperire potui stilo contradidi », et lorsqu’il rapporte la conversation qu’il eut avec lui à propos de l’apparition d’une comète (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. II, p. 643, § lviii. Cf. infra, p. 142-143).