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des loys qui dient que nus ne doit estre pugniz ne jugiez ii foiz en un meismes cas. Poi en i ot qui ce jugement contredeist ; la plus grant partie s’i acorda de parole tant seulement, si com il avient souvent en tiex besoignes, pour ce que il n’eussent le mautalent des plus puissanz. Ceste chose firent li traiteur par le conseil d’aucuns evesques[1] qui estoient parçonier[2] de la traïson.

Ainsi jugierent le preudome qui pas n’estoit presenz, qui ainques n’avoit esté ne oïz ne convaincuz du cas dont il le jujoient ; et à ce le contrainstrent que il meismes se deposa de l’ordre de chevalerie et mist ses armes devant l’autel saint Sebastien le martyr, et li firent vestir une coule[3], et puis garder comme devant en destroite prison. Après, se departi li parlemenz, droit à la feste Saint Martin[4]. Si repaira chascun en sa contrée, dolenz et tristres de ce qui estoit avenu à l’empereor, et Lothaires prist son pere[5] et s’en ala pour yverner à Es la Chapelle. Toute cele saison, fu

  1. Les principaux de ces prélats furent Ebbon, archevêque de Reims, et Agobard, archevêque de Lyon. Cf. Annales de Saint-Bertin, année 833, et dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VI, p. 243, Acta impiæ ac nefandæ exauctorationis Ludovici pii, et p. 246, Agobardi Lugdunensis archiepiscopi chartula.
  2. Qui estoient parçonier de la traïson, qui prenaient part à la trahison.
  3. On a seulement dans le latin : « pullaque indutum veste » ; c’est-à-dire revêtu d’un vêtement de couleur foncée.
  4. 11 novembre.
  5. Les Annales de Saint-Bertin, année 833, disent bien que Lothaire emmena son père avec lui d’abord à Compiègne, puis à Aix-la-Chapelle, par crainte qu’on ne vînt le délivrer, « ne ab ipso loco a quibusdam suis fidelibus eriperetur ».