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chastoia et puis les renvoia en leur païs. Là maismes vint à cort Heriolz, i princes des Normanz, et il et sa fame et ses enfanz, a grant compagnie de Danoys. Baptisiez fu, sa fame et si enfant et toute sa compagnie[1]. Moult li fist grant honeur li empereres et li dona granz dons. Et pour ce que il se doutoit que on ne le chaçast hors de son païs pour ce que il estoit crestiens, ou que on ne li feist aucun grief, li dona-il une contrée de Frise qui a non Riustri[2], que il peust là venir à garant, se mestiers li estoit.

En ce tens estoient garde et defendeor de Pannonie Baudins et Girouz[3]. Cil Baudins vint lors à cort et amena à l’empereor i prestre qui Georges avoit non ; preuzdons estoit, et d’oneste vie, et disoit que il savoir faire orgues à la maniere de Grece. Moult en fu li empereres liez, si en rendi grâces à Nostre Segneur de ce que il avoit trové maistre de cele art qui onques n’avoit esté en us ou roiaume de France. A Rendulphe le tresorier[4] commanda que il li amenistrast despens et tout quanque mestiers seroit à tele besoigne[5].

  1. Au lieu de cette phrase, qui n’est pas dans le royal ms. 16 G VI, on a mis en note dans ce ms. : « Et en l’eglise monseigneur saint Ablon reçut lui et touz les siens le saint sacrement de baptesme », rendant ainsi plus fidèlement le latin : « Mogontiaci apud sanctum Albanum cum suis omnibus baptismatis sacri perfusus est unda. »
  2. Riustri, Rustringen, ancienne province du grand-duché d’Oldenbourg, située sur la rive gauche du Weser, près de son embouchure.
  3. « Baldricus et Geraldus », ou « Geroldus ».
  4. « Tanculfo sacreorum scriniorum prælato » (Vita Hludowici) ou « Thancolfo saccellario » (Annales).
  5. Ce prêtre Georges devint plus tard abbé du monastère de Saint-Sauve, près Valenciennes (Teulet, Einhardi omnia quæ exstant opera, t. II, p. 329. Cf. p. 341).